« PROGRAMMER, C’EST PASSER DE L’AUTRE CÔTÉ DE l’ÉCRAN »

« PROGRAMMER, C’EST PASSER DE L’AUTRE CÔTÉ DE l’ÉCRAN »

Reportage sur une formation pour débutants au code informatique et l’usage du logiciel Scratch dans la pédagogie utilisée.

Paru le 22 septembre 2020, pour le compte de : Le Poher

Ce vendredi, le centre de Culture loisir animation jeunesse a organisé un atelier d’initiation à la programmation informatique et création de jeu vidéo. Une discipline qui recouvre différents enjeux. Gweltaz Duval a prodigué ses conseils aux jeunes débutants en programmation.

L’ours qui avance d’un mouvement un peu raide sur fond de forêt et montagnes prend son élan, et fait un saut d’exactement… 0 millimètre. Oups. Devant l’écran de l’ordinateur, Killian, 10 ans, fronce les sourcils d’un air perplexe, sa main figée sur la souris.Le petit jeu, qu’il vient de créer de ses propres mains, s’affiche aux côtés d’un amoncellement de briques colorées couvertes d’inscriptions. Un jeune homme en tunique bleu vif se glisse aussitôt à ses côtés pour le conseiller. Quelques ajustements de variables, et l’infortuné mammifère se trouve à nouveau capable de bondir convenablement. Ce vendredi 4 décembre, un atelier un peu particulier se tient pour la première fois à l’espace jeunesse du Claj. Sujet du jour : s’initier à la programmation.

Le langage de l’ordinateur

« On peut dire qu’il s’agit d’apprendre le langage de l’ordinateur, pour être capable de lui dire quoi faire », clarifie Gweltaz Duval, qui anime l’atelier. Titulaire d’une licence d’informatique, le jeune homme ne l’avait jusqu’ici pas vraiment mise à profit, puisqu’il était devenu bijoutier. Pourtant, passionné de programmation, il a toujours continué à la pratiquer de son côté. « En fait, on se met dans la peau d’un concepteur de logiciels, on ne se contente plus simplement de le consommer. », complète-t-il. Pour les quatre jeunes de 10 à 14 ans, passionnés de jeux vidéo, l’occasion est trop belle : « Je joue beaucoup, et j’ai toujours rêvé de faire un jour mon propre jeu », s’enthousiasme Simon, l’un des deux plus âgés.

Un jeu vidéo en deux jours

Grâce à Scratch, un logiciel qui propose une version simplifiée des lignes de code que doivent habituellement taper au clavier les programmeurs, il leur est possible de réaliser un petit jeu vidéo eux-mêmes en seulement deux jours de stage.Pourtant, à en croire le tableau d’affichage couvert de schémas et de symboles mathématiques posé au milieu de la pièce, l’exercice reste loin d’être enfantin. « Ce genre d’application très concrète et ludique peut donner un intérêt aux mathématiques », affirme l’animateur. La passion pour le jeu vidéo devient dès lors un atout de taille. Une façon, aussi, de valoriser ces joueurs et de faire reconsidérer l’image du jeu vidéo, explique Gweltaz Duval, en passant du statut de joueur à celui de créateur. Mais pour lui, l’enjeu va encore bien au-delà : « Programmer, c’est passer de l’autre côté de l’écran, pose-t-il. Aujourd’hui, les machines deviennent si faciles à utiliser qu’on ne se pose même plus la question de comment c’est fait. Je pense qu’il est important de casser cette frontière. » Des cours de programmation, les enfants, dès le collège, en reçoivent d’ailleurs déjà dans leurs établissements scolaires. Pourtant, la discipline, dans ce contexte, ne séduit pas autant : « Au collège, j’ai jamais envie de le faire, car c’est un peu ennuyeux. En fait, ce n’est pas amusant parce que c’est imposé », explique Zaïan, 14 ans.

Entre technique et création

« Je pense que c’est important de proposer ça en dehors de l’école, pour s’affranchir du programme, confirme l’animateur. Ici, on est à la frontière entre la technique et la création. Et puis, ils sont encouragés à échanger, ce qui est moins le cas à l’école. Ils s’entrent expliquent les concepts, ce qui fait qu’ils les assimilent beaucoup plus facilement. »Pour l’heure, les traits concentrés, les quatre jeunes ont pourtant l’air très calmes et discrets. « Ils n’étaient pas du tout comme ça il y a cinq minutes », dément formellement une encadrante du Claj. Quatre sourires espiègles naissent devant les écrans.

Morgane Olès