Denis Sananikone prédit l’avenir des urgences
Denis Sananikone prédit l’avenir des urgences
Le Kergloffiste, Denis Sananikone, avec son entreprise Redefine Strategy, s’est intéressé aux données qui influent sur nos maladies et affections au quotidien. Résultat : il a créé une application qui permet de prédire l’affluence des patients aux urgences : MedUse.
On vous le dit, le journalisme, ça mène à tout : et parfois même à prédire l’affluence des malades aux urgences au travers d’une application. Jeune journaliste, Denis Sananikone se reconvertit dans la communication voilà quelques années.
Un trésor de données
Pour rester à la page, il se forme aux transformations digitales et aux stratégies de traitement des données. C’est un peu par hasard qu’il se met à s’intéresser à celles des hôpitaux : « Je devais travailler sur un mémoire, et il y a eu un pic de pollution à Paris : vu que dans mon immeuble six ou sept personnes ont eu des problèmes respiratoires, je suis allé voir aux urgences : toute la salle d’attente était remplie. Je me suis demandé si on ne pouvait pas utiliser les datas (ndlr : données) pour anticiper ça. »
À ses yeux, il vient de découvrir un petit trésor : « Les hôpitaux sont de véritables usines à données. On peut en apprendre beaucoup, même en ne s’intéressant qu’aux statistiques non personnelles », explique-t-il. L’hôpital accepte alors de mettre ses données (non nominatives) à disposition pour son travail de recherche… et de réfléchir à l’achat de l’application si elle fonctionne. Dès 2018, MedUse est prête à fonctionner. Les données de fréquentation habituelle de l’hôpital constituent une base de prédiction, mais les sources sont multiples. La météo, le planning des jours fériés, la qualité de l’air, l’état du trafic routier… Toutes ces informations sont ajoutées en temps réel à l’application et traitées pour tenter de prévoir au mieux l’affluence des malades aux urgences… mais aussi le type de pathologies rencontrées.
Ouvrir des lits
Un point clef pour l’organisation des services : « Ce qui les intéresse encore plus que les entrées aux urgences, c’est de connaître l’affluence qui en sort, pour que les services de soin puissent la prendre en charge. On ne peut pas tout prédire, mais, par exemple, s’il neige à Paris, il va y avoir à coup sûr un pic de traumatologie… Aujourd’hui la fiabilité est de 80 % » Car pouvoir prévoir le nombre de patients à admettre dans tel ou tel service, c’est donner, selon Denis Sananikone, des clefs aux médecins pour débloquer des lits, « alors que la tendance est plutôt à en fermer… » L’objectif final : accélérer la prise en charge des patients, en allégeant les tâches logistiques : « les médecins urgentistes passent leur temps à chercher des lits, et pendant ce temps ils ne font plus de médecine. Ils ont pourtant un boulot autrement plus important ! »
Huit hôpitaux équipés
Toujours dans ce sens, MedUse devrait, dans le futur, se voir équipée d’une partie « gestion des lits ».L’application est en cours d’installation sur le 8e hôpital à ce jour. Une activité que son créateur aimerait développer aussi au niveau local, tant au niveau des collaborateurs, aujourd’hui tous parisiens, que des hôpitaux. Au niveau du centre Bretagne, c’est bien sûr aux déserts médicaux que l’entrepreneur aimerait s’attaquer, à son échelle : « En travaillant sur l’affluence, avec les hôpitaux, mais aussi avec les Agences régionales de santé, il serait possible de se coordonner, pour répartir l’offre de soin au niveau territorial », songe-t-il.
Morgane Olès